Histoire de Bourbonne-les-Bains
Au milieu du XIIe siècle, des Templiers, en provenance de la commanderie de La Romagne, s'installent à Genrupt, au sud de la commune, grâce à un don de Foulques de Bourbonne et de Guy de Vieux-Chatel. La maison des Templiers créée prit de l'importance et devint une commanderie à part entière au cours du XIIIe siècle.
Du XIVe au XVIIe siècle, les bains sont régulièrement cités parmi les revenus des seigneurs de Bourbonne.
Un incendie ravage la commune le 1er mai 1717, à l'exception d'une quarantaine de maisons sur le coteau des bains, mais l'ouverture en 1735 de l'hôpital militaire royal, puis la construction d'un établissement thermal avec des cabines particulières par M. de Mesme d’Avaux, Seigneur de Bourbonne, à partir de 1783, sur les plans de l'architecte Pierre-Adrien Pâris, marquent le début de la grande période du thermalisme à Bourbonne-les-Bains, qui a encore été favorisé par l'arrivée du chemin de fer à la fin du XIXe siècle.
Les travaux préliminaires à la construction des thermes modernes furent l'occasion d'observations archéologiques qui permirent d'identifier la source principale aménagée à l'époque antique, consistant en deux étuves voûtées, un bassin revêtu de plomb, ainsi qu'une vaste salle à double rangée de colonnes qui donnait accès à plusieurs piscines. Des salles chauffées par hypocauste furent également mis au jour.
Révolution française et Empire
Bourbonne-les-Bains fut chef-lieu de district de 1790 à 1795.
Alors que les comités de surveillance sont prévus dans chaque commune par la loi du 21 mars 1793, celui de Bourbonne n'est créé que fin avril. Ses pouvoirs sont renforcés par la loi du 14 frimaire An II, qui lui attribue la surveillance de l’application des lois en concurrence avec les municipalités. Il dénonce les demandes salariales des ouvriers agricoles, jugées trop élevées, et le trafic d’effets militaires effectué par les volontaires de 1792. Il encourage les dons pour les volontaires aux armées de la République et organise la surveillance des hôpitaux militaires.
Gravure de 1838
En 1810, l'architecte Louis-Ambroise Dubut est chargé par le gouvernement de délicats travaux d'extension des bains publics dans le style toscan .
En mettant fin au système féodal, la Révolution française remet en cause la possession des seigneurs, d'aucun estimant que les sources thermales, alors qu’elles concourent à la santé publique, devraient être remises à la nation. Mais c’est seulement en 1812 que Napoléon Ier achète pour le compte de l’État, à Madame de Chartraire, dernier seigneur possesseur en date du domaine, sous la menace d’une expropriation et invoquant l’utilité publique, les bains et sources de Bourbonne.
Au-delà de ces motifs d'intérêt national, deux raisons plus personnelles auraient justifié la décision de l'empereur. La première est qu'il connaissait les vertus des eaux bourbonnaises puisque sa mère Letizia Buonaparte en avait éprouvé du bien lorsqu'elle s'y était rendu à l'époque où il était lui-même à l’école de Brienne. La seconde serait que, soucieux de la restauration de la santé de ses soldats après les combats, il aurait souhaité en envoyer à Bourbonne.
En 1834, de nouveaux travaux sont pilotés par l'architecte départemental Chaussier-Cousturier.
Napoléon III visitera Bourbonne en 1865. L’établissement thermal apparaît alors vétuste, et les sources mal captées n’ont plus un débit suffisant. De 1863 à 1874, les ingénieurs des mines Drouot et Rigaud procèdent à de nouveaux forages et captages. Les anciens thermes sont démolis et remplacé par une imposante construction exécutée de 1880 à 1883.
Époque contemporaine
Des soldats américains du 92e devant le Q.G. de division
La place de Verdun
Avec l'arrivée de l'armée américaine pendant la première guerre mondiale en 1917 et l’installation de son quartier général à Chaumont, Bourbonne devient une zone d'entraînement divisionnaire. Le 6 février 1918, un hôpital militaire est installé dans un hôtel et soigne 5 545 malades. Un dépôt de remonte est aussi initié et il comprenait une clinique vétérinaire ayant sept officiers et trois cents hommes. C'est dans cette ZED que fut entrainé la 92e division d'infanterie. En 1972, les communes de Genrupt et de Villars-Saint-Marcellin fusionnent avec Bourbonne-les-Bains.
La place des Bains
À partir des années 1970, Bourbonne vit une période de destructions importantes : « Entre 1971 et 1978, ce sont trois fleurons de la ville qui disparaissent : le château de Montmorency (la plus belle propriété de la ville au début du XXe siècle), son parc et la porte des anciens bains civils de l'ex-établissement thermal ».
En 1977, la rénovation totale du bâtiment des thermes entraîne des destructions archéologiques irréversibles. Des murs antiques sont attaqués au marteau-piqueur et à la pelleteuse. Des chapiteaux, ex-voto en bois et autres vestiges, dont une statue de la déesse Damona, sont néanmoins sauvés in extremis des tas de déblais par des archéologues et le Centre d'études nucléaires de Grenoble, par utilisation de rayonnement gamma notamment, sur ce qui constitue l'un des plus grands sanctuaires thermaux du Nord de la Gaule.
Il reste toutefois bien des sujets qui mériteraient étude, et « peut-être faudra-t-il attendre la destruction de l'actuel établissement dans quelques siècles pour faire de nouvelles découvertes ».