Mais où a donc été tournée la 7e compagnie ?
La question bête du vendredi. Mais où est donc passée la 7e compagnie ? a rendu célèbre la forêt de Machecoul. Mais le film, devenu culte, a-t-il vraiment été tourné dans le sud Loire-Atlantique ?
« Et aussi longtemps que possible, longez la forêt de Machecoul, vous pourrez vous y abriter en cas de pépin. Je la connais, on peut même s'y perdre. Compris ? »
C'est dès les premières minutes de Mais où est donc passée la 7e compagnie ? (1973) que le colonel Blanchet, alias Robert Lamoureux (également réalisateur et scénariste du film) prononce cette consigne et fait référence à la forêt machecoulaise. Plus tard dans le film, les contrées que sont Paimboeuf ou Legé sont également citées.
Mais ce long-métrage, avec pour toile de fond la débâcle militaire française de mai 1940 et aujourd'hui devenu culte, a-t-il vraiment été tourné dans le Pays de Retz ?
« Beaucoup de spectateurs, y compris les habitants des alentours de la forêt de Machecoul, croient que le tournage a eu lieu dans la forêt même, répond Jean-Louis Templier, un historien local. En réalité, les scènes se sont déroulées dans la forêt de Rambouillet (Yvelines) et en région parisienne. »
« La tenaille, quoi »
Chaque été, « à chaque rediffusion de la trilogie, des dizaines de curieux de toute la France viennent en « pèlerinage » et nous demandent où se trouvent les différents lieux où ont été tournées les scènes, raconte Sandrine Beillevaire, conseillère de séjour à l'office de tourisme de Machecoul. Forcément, quand on leur dit qu'il n'y a jamais eu de tournage ici, ça nous fait sourire. Eux moins. »
Mais alors pourquoi avoir choisi des noms de lieux du pays de Retz ? Un épisode de la Seconde Guerre mondiale qui se serait joué dans le secteur ? « La ligne de front n'est jamais venue jusqu'à Machecoul », répond Emmanuel Leduc, de l'association Machecoul histoire. Il existe, en revanche, un lien possible entre des faits historiques et le synopsis de la trilogie.
Dans le premier film, les trois anti-héros que sont le sergent-chef Chaudard (Pierre Mondy), le soldat Pithivier (Jean Lefebvre) et le soldat Tassin (Aldo Maccione) se réfugient effectivement dans la forêt de Machecoul. « On est comme une espèce de poste avancé. Dans le cas que les Allemands reculent, crac, on est là ! La tenaille, quoi », explique Chaudard dans une scène.
Or, comme l'explique Emmanuel Leduc, « durant l'Occupation, il est certain que des jeunes de la région de Machecoul, appelés au Service du travail obligatoire (STO) à partir du début de l'année 1943, se sont cachés dans la forêt. » Mais l'historien machecoulais ne se risquerait pas à jurer que cet épisode de l'histoire locale a pu inspirer Robert Lamoureux.
Non, selon Jean-Louis Templier, ce sont plutôt des vacances qu'aurait passées l'acteur-réalisateur-scénariste (décédé en 2011) dans la région qui l'aurait inspiré. « Je pense qu'il a souhaité utiliser ces appellations pour donner un semblant de réalité au film », estime-t-il.
N'en déplaise, donc, aux fans et à ceux qui ont fait (ou feront encore) le déplacement à Machecoul, aucun des décors de la trilogie à succès n'a eu pour cadre le Pays de Retz. Ni le cimetière, ni le magasin où on peut trouver du « à l'ail ». Encore moins l'étang dans lequel le sergent-chef Chaudard aura fait sa plus belle démonstration de nage...
https://www.youtube.com/watch?v=tGQPdAlx1jc