six roues ? six roues !
Publié : 31 juil. 2019, 05:15
Nos camions usent leurs pneus avec entrain, et il n'y en a que quatre ! J'ai eu l'occasion de rouler sur six pneus à la fois, une expérience d'une année de conduite d'une CX bagagère Tissier… si vous m'accordez quelques minutes, je vous raconte çà !
J'étais alors étudiant en rupture de formation, des déboires conjugaux m'avaient un peu gâché un passage de partiels, il devenait indispensable de trouver dans les "meilleurs délais" un an d'une activité pourvoyeuse de finances... j'habitais alors Paris, près de la Bastille.
Un soir, en rentrant, j'ai vu çà, une CX rallongée, avec un double essieu arrière, plus haute et plus longue, rouge et filets jaunes, la Bête, il m'en fallait une comme çà !.
Rattraper l'engin et soutirer au conducteur le nom et l'adresse de la boite... facile, le lendemain, trouver la rue de Seine prolongée à Villeneuve le Roi, sans GPS, moins simple, rentrer chez Hollander france- transports de Presse Internationnaux, prendre un rendez-vous pour une candidature, sans la moindre expérience dans ce job, un coup de folie !
La PDG c'était Madame Henriet, elle m'a demandé ce que je faisait là, j'ai du la convaicre ou lui faire pitié, mais j'avais rendez-vous pour un tour d'essai le lendemain soir, direction Amsterdam.
Je me suis retrouvé ce lendemain assis à droite, avec un stylo et un bloc, pour prendre des notes sur l'itinéraire... sortie de Villeneuve direction Paris centre, pour charger le "Paris Turf" à l'imprimerie rue des Petites Ecuries. Une demi tonne de papier vert. Direction la Villette, aux NMPP pour charger la presse française, Le Monde, France Soir, Libé et des périodiques à destination des exilés français en Hollande... Autoroute du Nord vers Bruxelles, ramasser la presse belge : het Laaste niews, le Soir, la Libre Belgique à l'AMP d'Anderlecht. y laisser le "Paris Turf" . Enfin direction Amsterdam pour livrer le tout chez Van Gelderen. Un tour au Schiphol, l'aéroport international pour les envois vers l'Indonésie. Enfin, dernière étape, Illpendam, une petite maison entre deux canaux, la maison d'étape de la ligne.
Le lendemain en fin d'après-midi, aller charger le Telegraaf, aux imprimeries Basisweg, puis autoroute vers Paris-Villette, aux Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne. Passage à Orly aéroport pour quelques paquets, et fin de ligne à Villeneuve, debrif' avec la maintenance.
Enregistré ? tu vas le refaire seul ? OK , à demain.
Et le lendemain présentation à la PDG qui me confirme dans ma nouvelle fonction, passage au garage pour rencontrer "Bronson", le chef Mécano qui me scrute gravement avant de me confier une de ses autos, recommandations d'usage, directives incontournables .
Me voilà M128 coef 4, Chauffeur Presse International. et assis à gauche, personne d'autre dans l'auto. LA confiance !
J'ai fait cette route pendant une année, comme prévu, sans accident ni même d'incident grave… l'été, facile, l'automne et l'hiver cette autoroute devient le plus beau nid à brouillard du quartier, avec en prime le verglas ou la neige, et pas de rallonge sur les délais, le papier journal une fois imprimé est la denrée la plus périssable qui soit !
Seul au début, puis avec ma compagne, alors étudiante à Rouen, qui venait passer le Week-end à Amsterdam avec moi… Au "Turf", les pointeaux qui connaissaient les habitudes de mes collègues en matière de nanas -fret de cabine- ont vite remarqué que c'était "toujours la même" et qu'elle avait toujours le nez dans un bouquin qui lui, était "encore un autre" !
Un seul incident mécanique : un cardan qui à lâché arrivé à Amsterdam, qu'on a pu faire financer et remplacer sur le champ, grâce aux très bonnes relations nouées avec les gens du Télégraaf, réparation express qui fut vérifiée par "Bronson"... on avait osé toucher SA voiture, et approuvée.
Sinon, du velours, le diesel turbo ( en prototype confié par Citroen ) tirait le fourgon à un bon 160 en pointe, chargé comme une mule, je n'ai jamais eu à payer les pleins, les deux réservoirs, 160 litres au total, faisaient un aller, on complétait le niveau à une station à l'entrée d'Amsterdam avant de redescendre, 500 km avec les détours aéroports et livraisons diverses 1000 km pleins pots sur l'autoroute avec 200 litres de gasoil, pas très économique pour de la ballade, mais très correct pour du transport rapide !
Autre merveille, la tenue de cap sur chaussées glissantes ! un train ! calée sur ses trois essieux comme sur des rails, surtout avec deux tonnes de charge ! une seule fois je l'ai sentie glisser du postérieur, dans l'hivers Hollandais, quand le verglas bloquait les camions sur l'A1.
Bien sûr, pour passer inaperçu, c'est pas le bon choix... mais çà a de la gueule ! si on s'entraine un peu, on arrive même à faire des crénaux, je m'en suis offert un un dimanche dans une rue d'Amsterdam, devant un tram qui m'a laissé tenter la manoeuvre, et une foule de badaux qui n'avaient jamais du voir çà... à la fin, des gens ont applaudi - je le jure ! -
A la fin de mon année, je suis retourné à mes études, pas mécontent de cette expérience, heureux de ne plus avoir à rouler à 140 mini dans toutes les conditions, pluie ou brouillard surtout, et finalement j'ai lâché les études et Paris pour Rouen et ma compagne !
ça fait bientôt 40 ans ! c'est toujours la même, elle change toujours de bouquin !
J'étais alors étudiant en rupture de formation, des déboires conjugaux m'avaient un peu gâché un passage de partiels, il devenait indispensable de trouver dans les "meilleurs délais" un an d'une activité pourvoyeuse de finances... j'habitais alors Paris, près de la Bastille.
Un soir, en rentrant, j'ai vu çà, une CX rallongée, avec un double essieu arrière, plus haute et plus longue, rouge et filets jaunes, la Bête, il m'en fallait une comme çà !.
Rattraper l'engin et soutirer au conducteur le nom et l'adresse de la boite... facile, le lendemain, trouver la rue de Seine prolongée à Villeneuve le Roi, sans GPS, moins simple, rentrer chez Hollander france- transports de Presse Internationnaux, prendre un rendez-vous pour une candidature, sans la moindre expérience dans ce job, un coup de folie !
La PDG c'était Madame Henriet, elle m'a demandé ce que je faisait là, j'ai du la convaicre ou lui faire pitié, mais j'avais rendez-vous pour un tour d'essai le lendemain soir, direction Amsterdam.
Je me suis retrouvé ce lendemain assis à droite, avec un stylo et un bloc, pour prendre des notes sur l'itinéraire... sortie de Villeneuve direction Paris centre, pour charger le "Paris Turf" à l'imprimerie rue des Petites Ecuries. Une demi tonne de papier vert. Direction la Villette, aux NMPP pour charger la presse française, Le Monde, France Soir, Libé et des périodiques à destination des exilés français en Hollande... Autoroute du Nord vers Bruxelles, ramasser la presse belge : het Laaste niews, le Soir, la Libre Belgique à l'AMP d'Anderlecht. y laisser le "Paris Turf" . Enfin direction Amsterdam pour livrer le tout chez Van Gelderen. Un tour au Schiphol, l'aéroport international pour les envois vers l'Indonésie. Enfin, dernière étape, Illpendam, une petite maison entre deux canaux, la maison d'étape de la ligne.
Le lendemain en fin d'après-midi, aller charger le Telegraaf, aux imprimeries Basisweg, puis autoroute vers Paris-Villette, aux Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne. Passage à Orly aéroport pour quelques paquets, et fin de ligne à Villeneuve, debrif' avec la maintenance.
Enregistré ? tu vas le refaire seul ? OK , à demain.
Et le lendemain présentation à la PDG qui me confirme dans ma nouvelle fonction, passage au garage pour rencontrer "Bronson", le chef Mécano qui me scrute gravement avant de me confier une de ses autos, recommandations d'usage, directives incontournables .
Me voilà M128 coef 4, Chauffeur Presse International. et assis à gauche, personne d'autre dans l'auto. LA confiance !
J'ai fait cette route pendant une année, comme prévu, sans accident ni même d'incident grave… l'été, facile, l'automne et l'hiver cette autoroute devient le plus beau nid à brouillard du quartier, avec en prime le verglas ou la neige, et pas de rallonge sur les délais, le papier journal une fois imprimé est la denrée la plus périssable qui soit !
Seul au début, puis avec ma compagne, alors étudiante à Rouen, qui venait passer le Week-end à Amsterdam avec moi… Au "Turf", les pointeaux qui connaissaient les habitudes de mes collègues en matière de nanas -fret de cabine- ont vite remarqué que c'était "toujours la même" et qu'elle avait toujours le nez dans un bouquin qui lui, était "encore un autre" !
Un seul incident mécanique : un cardan qui à lâché arrivé à Amsterdam, qu'on a pu faire financer et remplacer sur le champ, grâce aux très bonnes relations nouées avec les gens du Télégraaf, réparation express qui fut vérifiée par "Bronson"... on avait osé toucher SA voiture, et approuvée.
Sinon, du velours, le diesel turbo ( en prototype confié par Citroen ) tirait le fourgon à un bon 160 en pointe, chargé comme une mule, je n'ai jamais eu à payer les pleins, les deux réservoirs, 160 litres au total, faisaient un aller, on complétait le niveau à une station à l'entrée d'Amsterdam avant de redescendre, 500 km avec les détours aéroports et livraisons diverses 1000 km pleins pots sur l'autoroute avec 200 litres de gasoil, pas très économique pour de la ballade, mais très correct pour du transport rapide !
Autre merveille, la tenue de cap sur chaussées glissantes ! un train ! calée sur ses trois essieux comme sur des rails, surtout avec deux tonnes de charge ! une seule fois je l'ai sentie glisser du postérieur, dans l'hivers Hollandais, quand le verglas bloquait les camions sur l'A1.
Bien sûr, pour passer inaperçu, c'est pas le bon choix... mais çà a de la gueule ! si on s'entraine un peu, on arrive même à faire des crénaux, je m'en suis offert un un dimanche dans une rue d'Amsterdam, devant un tram qui m'a laissé tenter la manoeuvre, et une foule de badaux qui n'avaient jamais du voir çà... à la fin, des gens ont applaudi - je le jure ! -
A la fin de mon année, je suis retourné à mes études, pas mécontent de cette expérience, heureux de ne plus avoir à rouler à 140 mini dans toutes les conditions, pluie ou brouillard surtout, et finalement j'ai lâché les études et Paris pour Rouen et ma compagne !
ça fait bientôt 40 ans ! c'est toujours la même, elle change toujours de bouquin !