Je lance ce sujet car je voudrais discuter de la conduite sans embrayage d'une boîte manuelle. J'ai voulu poster dans "Discussions générales sur l'Espace" mais j'ai aussi des remarques spécifiques à la PK6 et à l'Espace en sa quatrième mouture.
J'espère que ce sujet en intéressera plusieurs, quand on commence ça ouvre de nouvelles perspectives sur la conduite et la mécanique! Il s'agit pour moi d'échanger pour apprendre, que ce soit purement théoriquement ou pratiquement.
Alors, pourquoi conduire sans embrayage? Comme l'a soulevé grostoto quand ma durite d'embrayage hydraulique a lâchée et quand EAime a perdu son embrayage, le pauvre, c'est une technique interessante pour ne pas rester sur le bord de la route. C'est déjà pas mal! A mon avis, il y a aussi un agrément à ne pas systématiquement utiliser son embrayage, et il ne faut pas oublier la frime et la classe de savoir conduire différemment des autres!


Pourquoi ne pas conduire sans embrayage? Vous êtes sur le forum Espace, vous savez tous à quel point la boîte manuelle du IV est fragile! Mais les autres boîtes n'aiment pas non plus gratter les syncros. J'ai donc bien en tête les risques pour la mécanique et je suis prêt à assumer un changement des syncros s'il le faut (mais le but est d'apprendre à ne pas les détruire!


Si vous êtes encore intéressés, passons à la théorie, pour ceux qui n'auraient jamais entendu parler de cette technique comme moi il y a quelques mois. Il y a aussi plusieurs vidéos sur YouTube pour avoir l'image en plus si vous le voulez. En théorie, le moteur tourne à un certain régime et les roues tournent à un certain régime. Les deux peuvent être dissociés grâce à l'embrayage, situé entre le moteur et la boîte. Donc le régime de la boîte en roue libre (débrayé) est dicté par les roues, qui vont l'entrainer. Pied sur l'accélérateur et embrayé, le régime de la boîte est dicté par le régime moteur car elle est en prise avec lui, et la rotation sera transmise par les pignons au différentiel et aux roues. Les deux régimes peuvent être différents mais ils sont proportionnels. Attention, en situation de frein moteur le régime est dicté par les roues, la boîte est en prise permanente avec elles.
Il y a donc une petite fenêtre, un instant, au levé du pied, où le régime des pignons dans la boîte est passe d'une direction par le moteur à une direction par les roues. Entre ces deux moments, la boîte n'est pas en prise et l'on peut jouer du levier sans la faire craquer.
Au volant, cela se traduit de la sorte: au lever du pied, une légère pression sur le levier de vitesse permet pendant un court instant, de passer un point mort. Passé ce moment, ça craquera car la boîte sera en prise et le régime sera trop élevé pour que les syncros le compensent. Pour passer le rapport supérieur, il faut immédiatement essayer de l'engager en sentant la boîte à travers le levier. Le régime moteur décélérant, il y aura un moment où ça passe crème. Ratez le moment et ça craquera pour la même raison qu'avant

Pour rétrograder, comme avant il faut lâcher l'accélérateur puis passer un point mort (exactement comme à la montée) puis jouer du talon pointe pour que les régimes moteur et boîte soient compatibles sur le rapport souhaité. Là aussi, ça passe crème sauf à rater la fenêtre, en quel cas ça craquera

(À noter que sur les IV, la non utilisation de l'embrayage illumine illico presto un témoin orange au TDB: un triangle orange avec un P dedans. Le calculateur doit sentir le changement de la relation régime moteur/régime boîte mais ne reçoit pas de signal du capteur monté sur l'embrayage. Comment détecte-t'il le régime de la boîte sans capteur dedans? Hehe, elle est liée par les transmissions aux moyeux et capteurs ABS!)
Ça c'est pour la théorie. J'espère que je ne vous ai pas perdus à coups de pavés. Mon retour d'expérience: c'est dur!

Je n'arrive pas non plus à rétrograder sans l'embrayage. Pas suffisamment de régime moteur donné à travers l'accélérateur?
En tout cas, si je me permets un conseil malgré mon statut de néophyte. Si vous essayez, allez-y lentement, en décomposant bien, mais avec fermeté dans les mains et les pieds. Si on a peur et qu'on attend, on rate la fenêtre et on fait craquer. Il faut être au taquet et appuyer franchement sur le levier le bon moment venu, même si l'on a peur de faire craquer. Au début, le pied sur l'embrayage pour se sauver rassure mais on a trop souvent tendance à l'utiliser alors que ça allait passer.
Voilà voilà, pas une panne mais un sujet qui m'intéresse. Si vous avez une pierre à ajouter à l'édifice ou que vous êtes simplement curieux comme moi, je suis preneur!